Login

Conseil Agricole En France, appels tous azimuts pour tenir bon sur la PAC

PARIS, 11 juin (AFP) - Les syndicats agricoles français ont appelé mercredi à une position de fermeté de la France pour maintenir autant que possible en l'état la Politique agricole commune (PAC), jugeant qu'une réforme était mal venu avant la prochaine réunion de l'OMC au Mexique.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Une dizaine de pays, notamment la France et l'Espagne, contestent le projet de Bruxelles de "découplage" entre les subventions agricoles et la production des agriculteurs, projet défendu par le Commissaire européen Franz Fischler et qui est discuté à partir de ce mercredi à Luxembourg.

Le premier syndicat agricole, la FNSEA, a demandé au gouvernement de "ne pas lâcher sur les fondamentaux" de la PAC, tandis que le petit syndicat Modef et le mouvement Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT) ont appelé à un "veto" du président français Jacques Chirac aux propositions actuelles de la Commission européenne.

"Le gouvernement ne doit en aucun cas lâcher sur les fondamentaux", a déclaré le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Jean-Michel Lemétayer, le jour de l'ouverture d'un important conseil des ministres des Quinze à Luxembourg sur la PAC.

Concernant ces "fondamentaux", M. Lemétayer a rappelé son opposition à "la logique de baisse des prix" et à "tout découplage" entre les aides aux agriculteurs et le niveau de leur production.

"Devant la mort programmée de nos agriculteurs consécutive au découplage des aides de la production", le CPNT a de son côté estimé "qu'il est temps pour le président de la République de tirer les conséquences de ses propres prises de position et celles de son ministre de l'Agriculture".

Interrogé sur le compromis trouvé mardi soir entre le chancelier allemand Gerhard Schroeder et M. Chirac, qui convient de plaider pour un découplage "partiel" à partir de 2006 -- la teneur exacte de ce compromis n'a pas été dévoilée -- M. Lemétayer a dit avoir "du mal à imaginer que le président et le chancelier aient évoqué une définition du découplage partiel. Si quelqu'un en avait une définition, j'aimerais bien la connaître".

"Découpler, c'est désorganiser. Que ce soit partiel ou total, nous le refusons", a-t-il ajouté.

La FNSEA a par ailleurs jugé peu stratégique d'entériner une réforme de la PAC avant la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), du 10 au 14 septembre à Cancun (Mexique). "Un accord (maintenant) nous fera payer encore plus cher cette négociation à l'OMC", selon M. Lemétayer.

Une position semble-t-il partagée par le ministre français de l'Agriculture, Hervé Gaymard, qui a suggéré mercredi dans le Financial Times d'attendre Cancun pour parvenir à un accord européen sur une réforme de la PAC.

"Pourquoi réformer en juin si l'on doit tout refaire en septembre?", s'est-il interrogé.

"L'accord de Doha sur l'agriculture n'a pas empêché le président (américain George) Bush de faire voter ensuite une loi agricole à l'opposé même de ce qui a été conclu à Doha. Les Américains vont aller à Cancun avec cette loi, et nous, nous baissons la garde !", a renchéri pour sa part M. Lemétayer.

Les Etats-Unis et le groupe de Cairns (Australie, Nouvelle-Zélande...) sont pour une plus grande ouverture des marchés agricoles des pays riches via la baisse des subventions. Le "Farm Bill" voté l'an dernier aux Etats-Unis a pourtant contribué à accroître le protectionnisme en augmentant ces aides.

"On ne va pas dilapider notre modèle agricole européen alors qu'il devrait servir d'exemple aux pays en développement, pour lesquels il est meilleur de protéger leurs marchés que de mondialiser et libéraliser", a encore estimé le président de la FNSEA.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement